[English version below]
Jeanne Allard, 3ème année de mission (connue et aimée de tous maintenant)
en ce moment à Katmandou, Népal, doit ouvrir le premier LPC à Beyrouth, Liban.
Bon avant de parler des Jeunes (avec full stars in my eyes), je vais d'abord recentrer la situation sur moi et la crise actuelle.
Je m'appelle Jeanne et je suis chez LP4Y depuis août 2017.
Et alors voilà, la crise pour moi, ça représente quoi? Alors c'est pas ouf…
Clairement, je ne suis pas très forte en gestion des urgences. Je racontais à mes colocs la semaine dernière que je ne savais pas gérer ce genre de situations.
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Exemple 1 : il y a de cela quelques années, j'étais chez ma mère et une prise de courant s'est mise à puer le plastique, je vois une mini incandescence, et me voilà courant dans tout l'appartement en criant à ma mère : "MAMAN, IL FAUT QU'ON APPELLE LES POMPIERS, FAUT QU'ON APPELLE LES POMPIERS!!!" devant son regard calme et surpris.
Exemple 2 : pour ceux qui ont déjà participé à des Welcome Weeks, vous vous souvenez peut-être du jeu de rôle "un Jeune fait un malaise" => que faîtes-vous ?
Bon alors, je me souviens plus si on l'avait fait pendant mes WW (après, ma formation remonte à un certain temps maintenant ^^) mais j'ai vécu la situation en réel dans mon premier centre à Malwani, Mumbai :
Amreen perd connaissance, elle a du mal a respiré, on entend un espère de râle très léger qui diminue petit à petit. J'ai l'impression qu'on est en train de la perdre. Et là, au lieu de rassurer l'équipe, d'être calme, je perds le contrôle. Je perds mon contrôle ! Je me mets à tourner autour de la table, incapable de ne rien faire et d'être impuissante, je crie à Mehtab et Faisal d'aller chercher un médecin, je sors, je cours chez Raju pour chercher de l'aide, je trouve tout le monde bien trop lent face à l'urgence de la situation, je me mets à courir dans la rue en criant "help, we need a doctor".
Au final, Amreen va très bien et s'est remise de son malaise, mais - vous l'aurez compris - j'ai fait tout ce qu'il ne fallait pas faire.
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Donc voilà, les situations d'urgence ne sont clairement pas mon fort ! J'aimerais bien être plus à l'aise, mais il se passe un truc dans ma tête qui fait que j'ai besoin d'agir pour ne pas avoir l'impression d'être impuissante (ce qui nous arrive pourtant forcément à certains moments de nos vies) et que je perds mon calme.
Du coup, le corona virus => situation d'urgence, bha c'est pas quelque chose que je gère très bien.
En plus pour moi au début, ça a été pour moi :
"Corona = annulation/report de l'ouverture du Liban = pas de coaching de Jeunes proche" (je précise que j'avais pas encore compris l'ampleur de la crise…ça m'arrive d'être un peu lente)
Donc quand j'ai appris que la mission Liban était reportée, j'étais en larmes, j'ai passé quelques heures à pleurer, et à rire aussi parfois, en me disant que j'étais bien ridicule de pleurer comme ça. Et quand j'y repense, pourquoi j'ai pleuré ? Tout simplement parce que mes plans étaient contrecarrés. Moi je voulais faire mon ouverture au Liban avec une nouvelle équipe qui avait l'air au top, et lancer une équipe de Jeunes, les accompagner et les voir grandir. Et puis… bha non !
En gros, grosse poussée d'égoïsme sur le moment. J'en suis consciente et je n'en suis pas fière. Mais c'était ma manière de réagir à la situation sur le coup, et j'étais contrariée de pas pouvoir faire comme je l'avais prévu, de devoir gérer une situation pleine d'incertitude.
Et alors comment je la vis cette crise maintenant ?
Eh bien un peu mieux ! Alors, comme chacun d'entre nous, je suis inquiète pour mes proches et dans ma tête, je ressemble toujours à un petit oiseau qui sautille de tous les côtés en mode "Que faire ? Que faire ?", mais j'ai une coloc en mode "bâteau qui fend les eaux en pleine tempête" donc ça rassure (merci Pauline !).
Et surtout, j'ai pensé aux Jeunes et je croie que c'est une bonne occasion pour m'en inspirer (encore et toujours). Pourquoi les Jeunes ?
Eh bien en y réfléchissant un peu, je me suis rendue compte que ce qui me rend mal à l'aise dans cette situation, c'est le manque de contrôle. Le fait que je ne sais pas, que je ne maîtrise pas. Cette incertitude. Or quand je pense aux Jeunes, je me dis que c'est une situation qu'ils vivent en fait quotidiennement :
"Je ne sais pas si on va me faire confiance un jour et si je vais trouver un boulot"
"Je ne sais pas si je vais trouver de l'argent pour faire manger mon enfant ce soir"
"Je ne sais pas si je vais avoir assez d'argent pour inscrire mon enfant à l'école lors des prochaines inscriptions"
"Je ne sais pas si je pourrais me racheter une bouteille de gaz quand celle-ci sera finie"
Et ils sont toujours debout. Ils se battent, comme ils peuvent et avec les moyens qu'ils ont, mais ils se battent. C'est sûrement un champ de bataille à l'intérieure (malgré mes 2 ans et demi au sein de LP4Y, je ne suis toujours pas capable d'imaginer ce qu'ils ont traversé), mais ils sont là. Chaque jour est une crise pour eux. Donc s'ils sont les preuves que c'est possible, je me dis que je vais essayer de faire comme eux. Faire avec et faire au mieux.
Et il y a deux jours, je me suis aussi rendue compte qu'en fait, les Jeunes Mamans que je voyais ici au Népal, c'était pas leur première grosse catastrophe. Retour en arrière :
2015 : tremblement de terre au Népal. C'était il y a 5 ans.
Et Srijana, Manika, Kushum et les autres Jeunes, elles ont 20 ans. Du coup, oui, elles ont vécu le tremblement de terre, et elle ont vécu l'après.
En en parlant avec Valentine, coach à Katmandou, elle me raconte ce que lui conté les Jeunes sur cette période difficile : pas de nourriture, la faim, les prix qui augmentent (celui du gaz comme ceux des aliments), des nouilles instantanées qui sont passés d'un prix de 10 roupies le paquet à 100 roupies, etc. Bref, je suis bouche bée et pour moi ce sont des mots. J'essaie de me faire une film dans ma tête de ce à quoi ça a pu ressembler, mais ça reste un film de 10 secondes sans sensations. Les Jeunes, elle ont vécu tout ça, elles ont persévéré, et elles sont encore là, avec leurs sourires, leurs espoirs. Donc on va essayer de faire pareil.
Bref, un grand merci à elles pour cette leçon.
So, before talking about the Youth (with full stars in my eyes), I will focus on me and the ongoing crisis, that we are all living.
My name is Jeanne and I am at LP4Y since August 2017.
And so what is it the crisis for me ? Well, it is not something good….
Honestly, I am not that good in term of crisis management. I was telling my roommates last week that I was unable to handle this kind of situation.
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Example 1 : some years ago, I was at my Mum's house. I smelt an electric plug burning and saw a tiny spark, and here I was, running all across the apartment, shouting to my mother : "MUM, WE NEED TO CALL THE FIREMEN, WE NEED TO CALL THE FIREMEN!!!", while she was peacefully staring at me.
Example 2 : for those who already took part to Welcome Weeks, you might remember of a role play : "a Youth faints" => what do you do ?
Humm, I cannot remember if we did it during my WW (but mine were a while ago ^^) but I live this case live in my first LP4Y home in Malwani, Mumbai :
Amreen faints, she does not breath easily, we can hear a very light wheeze, which shrinks slowly. I have the impression that we are losing her. And at that moment, instead of being a model of self control, I lose the control. I lose my control ! I begin walking around the table, unable to stay inactive and powerless, I shout to Mehtab and Faisal to go and get a doctor, I go out, I run to Raju's shop to find some help, I found everyone very very very slow in this emergency situation, I begin running in the street shouting "help, we need a doctor".
For the record, Amreen is now very fine, but - I think you got it - I did everything wrong.
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So yes, emergency situation / crisis management is not my cup of tea ! I would love to be more at ease and more quiet, but something happens in my head, which makes me move, makes me feel I need to act not to be powerless (even if this occurs at some points in your life) and that I am not quiet anymore.
And in addition, in the beginning, for me it was :
"Corona = report of Lebanon opening = no coaching in a close future" (for the record, I had not understood how big this crisis was at that point… yes I can be a bit slow)
So when I heard my mission in Lebanon was postponed, I burst into tears, and I spent quite a while crying, and laughing also sometimes, because I found myself ridiculous to cry like that. And when I think about it, why was I crying ? Simply because I could not go through with my plans. I wanted to do my opening of Lebanon with a team that seemed great, launch a team of Youth in Beirut, support them and see them grow. Simple, right? And : nope !
In a nutself, I was being soooo selfish. I am aware of it and I am not proud of it. But it was my way of dealing with the situation, and I was upset not to be able to go through with my plans, and that I had to deal a situation full of uncertainty.
And what about now ?
Euh, it is a bit better ! So, as every one of us, I am worried for my family and friends, and in my head, I look like a little bird who is jumping up and down thinking "What can I do? What can I do ?", but I have a roommate looking more like a "ship going straight into the ocean in the middle of a storm" so it makes it easier (thanks Pauline !).
And also, I thought about the Youth and I think now is the moment to get inspiration from them (but as usual in fact). So why the Youth ?
Well, thinking about it, I realized that what made me not at ease here, was lack of control. The fact that I don't know. This state of uncertainty. But when I think about the Youth, they face this kind of situation every day :
"I don't know if someone will trust me one day and if I will have a job"
"I don't know if I will find enough money so my child can eat tonight"
"I don't know if I will have enough money that my child can go to school next year"
"I don't know if I can afford to buy another bottle of gaz when this one is finished"
And they are still standing. They are fighting, as they can and with what they have, but they are fighting. It might be a battle field inside (despite my 2 years and a half with LP4Y, I am still unable to picture what they went through), but they are here. Every day is a crisis for them. So if they are the proof that it is possible, I figure I will try to do like them. Do what I can and do my best.
And 2 days ago, I also realized that for the Young mothers that I was meeting in Nepal, it was not the first crisis of that kind. Ok, let's go back a bit :
2015 : big earthquake in Nepal. 5 years ago.
And Srijana, Manika, Kushum and the other Youth, they are around 20 years old. So yes, they lived the earthquake and the after.
Speaking about it with Valentine, she told me what the Youth told her about this difficult time : no food, hunger, prices rose (for gaz as well as for food), ready made noodles prices increased from 10 to 100 roupies, etc. In a nutshell, I am speechless, and it remains only words for me. I am trying to picture it in my head, but - once again - it is only a 10-second film without any sensation. The Youth, they lived through that, they fought, and they are here, with their smiles and their hopes. So I'll try to do the same.
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